Les cambistes de Bukavu, en proie d’insécurité

Les cambistes de Bukavu, en proie d’insécurité

Les cambistes de Bukavu, en proie d’insécurité

Ces derniers temps, l’insécurité s’est nettement accentuée pour les changeurs de monnaie (« cambistes ») de Bukavu. Lorsqu’on pourraitcroire que les cambistes sont généralement sécurisés par les agents de l’ordre comme tant d’autres opérateurs économiques de Bukavu, ces derniers sont souvent pillés, blessés, extorqués et tués.A Bukavu, le cambisme de rue facilite des banques, coopératives et les transferts d’argent et d’unités d’appels. De plus, le cambisme en tant qu’activité informelle constitue une source d’emploi. Il assure aussi rationalité des devises étrangères.Malgré ou du a cette importance socio-économique, la situation des cambistes est devenue précaire :

«J’exerce ce métier depuis 5 ans mais actuellement, nous travaillons dans la crainte – à 15h30’, nous sommes obligés d’arrêter le boulot par crainte »

En effet, les cambistes sont visibles sur les artères principales de la ville. Il s’installent aux ronds-points, dans les parkings, aux entrées des frontières, à côte des marchés et aux environs de certaines banques et coopératives.

« Nous cherchons à trouver plus de clients, payer nos dettes et créer de l’emploi aux jeunes à Bukavu. Le monde appartient au plus rapide disent-ils lorsqu’un client se présente ».

Certains sont tués sur le lieu de travail par ce que ces derniers sont perceptibles à distance avec de tas de billets en francs congolais en main. De fois, on peut croire que cette visibilité influencerait les bandits. Alors qu’au-delà de ceux qui sont tués sur le lieu de travail, d’autres sont tués en cours de route, à la maison à cause des différentes mésententes liées aux clauses conclues entre cambiste et client. Comme une banque, les cambistes aussi surfacturent les emprunts lorsque les clients ne respectent pas le délai. C’est pourquoi actuellement, certains cambistes sont surnommés « dépasser ce délai». Ces clauses sont à l’origine de conflits.

Ainsi, des attaques à répétition rebondissent dans la ville de Bukavu comme dans d’autres villes congolaises ; à Kinshasa, à Goma et à Uvira. Elles se produisent même en pleine journée, sous les yeux de tout le monde. Ces attaques armées ne profitèrent-ils pas de la distraction des agents de l’ordre qui sont sensés sécuriser les personnes et leurs biens ? Durant les deux dernières années plus 17 cambistes furent extorqués et tués dans la ville de Bukavu.  Le dernier cas a eu lieu en Septembre 2018 à l’entrée de l’Institut Supérieur de Développement Rural (ISDR–Bukavu). Il s’agit d’un cambiste très connu à Bukavu – Christian Amisi, dit « Muzungu ». Il sortait de sa maison pour se rendre à « Feu Rouge », son lieu de travail, lorsqu’il recevra des coups de balles mortelles.

Dans la plupart de ces cas, les bandits s’approchent en guise de client, passant souvent plusieurs fois sans attaquer et afin de créer une connaissance et confiance, parfois en changeant des sommes importantes à plusieurs reprises. Puis, la troisième ou quatrième fois, ils font mine de présenter au préalable leurs billets en dollars américains avant de procéder à l’attaque. Les sacs et mallettes sont dépouillés, et d’autres biens de valeur (téléphones, ordinateurs, cartes d’unités d’appels) sont également emportés. Des coups de balles s’en suivent pour intimider et maitriser l’environnement. Ils s’envolent et disparaissent. De cas pareils se sont produit notamment à « Camp TV » en face du complexe scolaire « La Famille », en face de la société « Kotecha », au domicile d’une cambiste à Nguba et ailleurs. Certains cambistes pensent que des agents de l’ordre seraient impliqués :

« Franchement, ce sont des policiers et des militaires affamés, car nous les civils, on n’utilise pas des armés à feu ». D’autres pensent que certains motards y sont complices : « Ces motards servent de pont entre nous et les bandits ».

Beaucoup d’habitants de Bukavu regrettent ces assassinats et souhaitent voir les cambistes être mieux sécurisés. Cela permettra de sauver de vies humaines, servir les clients dans un climat paisible et d’élargir l’assiette fiscale. Actuellement, les cambistes exercent leur métier dans la peur à cause de l’insécurité. Or, ils constituent une source d’emploi et de crédit. Les sécuriser permettrait de procéder à une structuration du secteur informel du cambisme, mais aussi de contribuer à la stabilisation du taux de change sur les marchés locaux.

Elisée Cirhuza est chercheur au Groupe Etudes sur les Conflits et la Sécurité Humaine (GEC–SH) au CERUKI–ISP Bukavu.

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