Auteurs : Godefroid MUZALIA Kihangu, Innocent Balagizi Karhagomba, Irène Bahati et Léa Babite.
Résumé : Cet article est une contribution à un débat qui fait désormais partie du paysage social, politique et économique de la République démocratique du Congo et qui est rendu sous plusieurs concepts tels que : minerais des conflits, minerais de sang, sites rouges, etc. Il voudrait comprendre comment une constellation de structures de gouvernance impliquées dans la gouvernance du secteur minier au Sud-Kivu trouve un contexte favorable dans le système de conflits qui s’érige et se consolide autour du site minier de Mukungwe et qui impactent dangereusement sur la sécurité humaine dans le groupement de Mushinga en territoire de Walungu. L’issue de cette analyse étant de répondre à une question centrale : que faire pour passer des minerais de conflits aux minerais de paix et de développement au Sud-Kivu en général et dans le territoire de Walungu en particulier.
Cet article voudrait ainsi proposer des réponses à une question centrale : Que faire pour passer des minerais de conflits aux minerais de paix et de développement au Sud-Kivu en général et dans le territoire de Walungu en particulier ? Il s’agit d’une question à la fois simple et complexe. Simple dans la mesure où l’on serait tenté de croire qu’une implication sérieuse de l’Etat dans le sens de l’application des textes de lois en général, et de la Loi Bakajika6 en particulier suffirait pour régler la question. Et complexe s’il faut tenir compte des extranéités qui interfèrent sur un système de gouvernance minière de prédation en place depuis le déclenchement du cycle de rebellions qui embrasent le pays depuis plusieurs décennies.
Pour répondre à cette question centrale, nous avons privilégié une approche systémique (Easton, D. : 1974) de la conflictualité autour des sites miniers. Les structures impliquées dans la gouvernance du secteur minier et présentes sur les sites miniers sont abordées comme des microsystèmes de gouvernance participant à la fois à la consolidation des systèmes de conflits dans et autour des sites miniers et à l’affaiblissement l’Etat qui désormais se trouve en compétition avec de nouvelles formes d’autorités publiques parfois mieux organisées que l’Etat.
Les données nécessaires à la rédaction de cet article ont été collectées grâce aux interviews directes et entretiens semi-directifs réalisés sur un échantillonnage par choix raisonné (Depelteau, F., 2000) et focus groups menés sur le site minier de Mukungwe au mois d’avril 2018. Les focus groups ont eu le mérite, comme l’affirme Christophe Evans (2011) d’aller plus loin dans la collecte des données en suivant et en inscrivant, dans une perspective dialectique, les arguments des uns et des autres sur tous les aspects du sujet abordé.
Cet article compte ainsi quatre sections. La première section procède à la localisation du site de Mukungwe et à l’analyse rétrospective des cycles de conflits qui y opposent depuis 1980 les trois familles sus-évoquées. La seconde section s’appesantit sur le contexte actuel de la conflictualité et sur la constellation d’acteurs étatiques et non étatiques impliqués et qui participent à la mise en place d’un système de conflits aux conséquences néfastes. La troisième section examine l’impact de cette situation sur les populations riveraines du site en termes de sécurité humaine avec un focus particulier sur la sécurité communautaire et la sécurité alimentaire. Enfin, la quatrième section est axée sur les pistes de solution.
Felicitations pour cet article (comprendre le système des conflits autour du site minier de Mukungwe) chers auteurs. Tres bon travail.