Par Aimée Mapendo Marhegane Balemba
Si quatre-vingt millions de personnes ont été contraintes de fuir leur pays à cause des violences, des inégalités socio-économiques ou le changement climatique (Khan 2020),l’Ouganda a accueilli un nombre important des réfugiés en Afrique. Sachant que plus de 80.000 réfugiés vivent en milieux urbains (bidonvilles), la majorité d’entre eux sont originaires de la RD Congo, Sud-Soudan et du Burundi (Norwegian Refugee Council/ 2019). Trois principales raisons justifieraient l’engouement vers l’Ouganda. Premièrement, en 2006, le pays a adopté une législation protégeant des réfugiés conformément aux instruments juridiques internationaux y relatifs. De manière particulière, ses lois garantissent aux réfugiés le droit de travail, de libre déplacement à l’intérieur du pays et de vivre dans la communauté plutôt que dans les zones d’installation (Dathine 2013). En plus, le pays garantit aux réfugiés l’accès à la terre, au système de santé et à l’éducation (Huon, 2019). Du coup, les réfugiés peuvent s’installer en ville et exercer des activités lucratives de survie. Deuxièmement, par rapport à ses voisins (le Rwanda et le Kenya), le coût de vie est relativement moins cher en Ouganda. Troisièmement enfin, une relative stabilité politique du pays en dépit de la montée progressive de l’opposition et du terrorisme en milieu urbain.
Notre préoccupation en présentant ce papier est d’expliquer ,après la compréhension de la situation des femmes célibataires face aux défis de contexte Covid-19, comment elles ont tenté de se relever par rapport à la politique de confinement et leur rôle de mère en tant que réfugiées. Si certaines conditions ont permis aux réfugiées congolaises en particulier (surtout les mères célibataires) de développer des mécanismes de survie, elles ont été impliquées dans des activités lucratives notamment la tenue de débits de boissons et restaurants, le métier de coiffure, le petit commerce et bien d’autres. Le profit tiré de ces activités permettaient, non seulement de payer le loyer et de survivre mensuellement , mais aussi de scolariser les enfants en attendant une réinstallation dans un troisième pays alors que l’Ouganda se présentait comme un « antichambre du paradis occidental » auquel aspirent les réfugiés congolais. Cependant, début mars 2020, « l’antichambre du paradis occidental» fut sérieusement affecté par le COVID 19. Dès la proclamation de la pandémie, l’Ouganda instaurait un lock down à l’instar des autres pays. Ce faisant, les mères célibataires, qui travaillaient très dur, ont vu leur situation économique se détériorer davantage. Le dispositif méthodologique a fait recours aux entretiens semi-structurés avec des femmes célibataires à Kampala, notamment au marché Ggaba et ses environs. Nous avons identifié d’abord les femmes réfugiées célibataires qui nous fournissaient les légumes avant le confinement, ces dernières nous orientaient vers leurs consœurs serveuses dans les bars et/ou des tenancières des restaurants, des travailleuses dans les salons de coiffure et bien d’autres. Outre les entretiens, nous avions aussi recouru aux données et rapport publiées par les organisations qui assistent réfugiés . Le présente blog s’ouvre sur un aperçu de la politique de confinement en Uganda, ensuite il se focalise sur l’impact du confinement sur les mères célibataires réfugiées avant d’analyser les incidences sur leur quotidien. L’exposé se referme sur les conclusions et perspectives.